mardi 25 mai 2010

Qui suis-je ?

Il n’y a pas plus de quelques générations, les Français parlaient la langue de leur province avant d’apprendre celle de leur pays et ils portaient les vêtements traditionnels de leur région. Non seulement les coiffes des femmes mais la forme des costumes et leurs couleurs proclamaient l’appartenance des individus au groupe dans lequel sa place était marquée dès sa naissance. Cette première étape s’appelle encore aujourd’hui en Suisse « bourgeoisie » et elle autorise son détenteur à se reconnaître Suisse, parce qu’il est bourgeois de telle ou telle communauté à taille humaine…Il se déclarera d’autant plus volontiers patriote et attaché à la nation qu’il tient à elle par une ascendance « palpable », si on ose décrire ce processus d’identification immédiate. Il est Suisse parce qu’il est Soleurois, et non l’inverse.

Il est évident que le jeune banlieusard porte des vêtements anonymes et même souvent « unisexe », parle une langue différente de celle de ses grands parents, cependant c’est encore par son environnement immédiat que la presse situera le jeune en difficulté dans « les Quartiers » alors qu’elle célébrera le jeune « Massicois » distingué par une victoire sportive. Les mots sont plus têtus qu’il n’y paraît, tant il est vrai que l’appartenance de proximité ne peut être oubliée.

CIFRI

Cf. Œuvres de Marie Denise Pierrelée

mardi 11 mai 2010

Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?

Michel Drucker a raconté son parcours original dans un livre savoureux qui braque le projecteur sur une réalité souvent oubliée. Il n’avait aucune raison de rater complètement sa scolarité : milieu privilégié, famille aimante, soutien fraternel et, à la fin, pas de baccalauréat envisageable… Pourtant, aujourd’hui, c’est son patronyme qui rend notoire sa famille. Il rend compte de ce paradoxe en évoquant ses ancêtres, intelligents, travailleurs, mais parmi eux, quelqu’un devait jouer du « violon sur le toît » au sein du chtettel ! Dépositaire inconscient de cette spécialité originelle, le petit garçon ne pouvait réussir autre chose que faire fructifier l’héritage inscrit dans ses gènes.

Les artistes contemporains ont largement puisé dans le patrimoine international pour moderniser la peinture, la sculpture, la musique, et même la mode. Que serait actuellement le rayonnement de la culture européenne sans cet apport ? Celui dont on ne sait que faire, faut-il l’exclure ou bien l’écouter comme fit le patron de ce gamin analphabète et insupportable devenu maroquinier comme ses aïeuls marocains. Le cordonnier vend maintenant des portefeuilles et des objets de luxe.

CIFRI

Cf. Michel Drucker « Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? »