Drôle d’expression qui associe l’identité exprimée par le verbe être qui n’a justement pas de complément d’objet à l’heure qui n’est qu’une circonstance On comprend immédiatement la phrase, même si il y manque le mot « arrivé » pour introduire le « quand ». Serait-ce qu’en France, l’exactitude horaire fait tellement partie des qualités requises dans les rapports sociaux qu’elle serait une caractéristique de l’identité ? Alors, celui qui « n’est pas à l’heure » manquerait-il à sa propre dignité ?
Sous le dangereux soleil de l’Afrique, la tradition ne lie pas les comportements quotidiens au boîtier de la montre car l’heure est soumise aux nécessités de l’hospitalité. On mange quand on peut satisfaire sa faim, la dignité c’est de servir l’hôte avant soi.
A y regarder de près, l’heure n’a pas non plus toujours été précisée de la même manière en Occident. Elle n’est pas si différente de nos ancêtres la maman africaine qui apporte aux jeunes un plat de friture au milieu de l’après-midi, même si cela trouble les projets des éducateurs.
A la campagne c’était l’ombre du soleil qui divisait la journée en heures, et la cloche des abbayes précisait celles-ci. On se souvient du tableau de l’Angelus qui, en 1859, rendit célèbre le peintre Jean François Millet. Au XIV°siècle, les plaintes des patrons et des ouvriers à propos de leurs heures de travail avaient tellement encombré le Palais de Justice que le roi de France fit accoler la « Tour de l’Horloge » à son palais pour mesurer un temps « devenu de l’argent » en même temps que se développement les travaux citadins.