mardi 30 novembre 2010

Etre à la mode

Les garçons profitent de l’uniformisation de la mode des hommes et des jeunes gens pour préserver leur besoin d’identification à un groupe, même si certains jeans sont de meilleure qualité que d’autres…Mais les filles ? Au moment où elles commencent à choisir l’image d’elle-même qu’elles veulent voir dans leur miroir elles sont déchirées entre le modèle maternel, souvent de plus en plus radicalisé et le goût des copines de leur classe. La maman, qui serre ses cheveux dans un voile, a tellement peur que sa fille soit écartée par les petites européennes vêtus de caracos très courts et des pantalons taille basse qu’elle accepte pour elle l’exagération inverse de sa tradition ancestrale.

Parfois, plutôt que d’envenimer la peine, il est plus utile d’inventer une alternative. Un bout de tissu assorti à la couleur du vêtement peut devenir châle ou ceinture flatteuse, « est-ce que cela te ferait plaisir si je te donnais ce gadget ? Il me semble qu’il va bien avec tes yeux ? » Rien n’empêche d’y joindre un ruban, un bracelet, un collier, n’importe quelle pacotille qui rappelle l’ornementation des robes du bled et enjolive l’habit à la mode européenne.

Que font d’autre les grands couturiers quand ils font défiler des vêtements brodés, colorés et même coupés selon des traditions empruntées aux gens du monde entier ? Les clients sont venus en avion et les imitateurs des marques célèbres les étudient en regardant internet. Les jeunes filles des Cités ne peuvent-elles inventer la même formule ?

CIFRI

mercredi 24 novembre 2010

Le même chant d’amour

Est-ce copie ou invention d’une même proclamation de l’expérience humaine ? Les savants s’entendent à décrire des filiations possibles entre les mythes Babyloniens, et leurs cultes d’où viendrait l’interprétation hébraïque du Cantique des cantiques au VII° s. bc , ou bien le roman arabe du X°s. «Majnùn, le fou de Layla », toujours réédité, qui aurait inspiré l’Amour courtois et les romans de Chrétien de Troyes au XII°s.

Shakespeare nous donne peut-être la réponse à ces hypothèses quand cet Anglais du XVI° siècle place en Italie le drame de l’amour impossible de « Romeo et Juliette ». Rien d’étonnant que le musicien Léonard Bernstein et le cinéaste Robert Wise nous raconte «West Side Story » en 1961 peu avant « Le collier perdu de la colombe » de l’artiste Nacer Khemir édité en 1993.

C’est toujours la même épreuve initiatique qui est décrite car les hommes sont plus proches que différents. Toucher au cœur de leur expérience rend l’œuvre admirable par tous, comme le Taj Mahal Indien qui attire des touristes venu de tous les continents.

CIFRI

mercredi 17 novembre 2010

Le temps ou les temps

« Il perd son temps ! » s’irrite l’Européen qui scrute l’horizon sans y discerner la silhouette basanée qu’il attend. Mais le même homme écoute « les nouvelles du temps » à la radio, lui aussi explique «n’avoir pas le temps» de faire ceci ou cela, et tout le monde comprend ces énoncés qui ne dépendent pourtant pas du cadran qui orne son poignet. Les conventions de la langue couvrent les diverses significations du même mot.

Comment s’étonner que celui-ci recouvre des situations liées au climat, « Il fait mauvais ou beau temps » au genre du travail requis, Quel paysan ne « prendrait pas le temps » de saluer le passant ? Alors qu’on informe la famille de la gravité d’une opération en lui indiquant le temps qu’elle a duré. Il arrive aussi que le temps de la prière s’accomplisse dans une durée qui frôle l’éternité de Celui qui est invoqué.

Selon l’importance que prend le sacré dans la conception de l’existence, le « temps » change de sens, il est mesure des rencontres extérieures au cadran de la montre, ou de l’efficacité matérielle mesurée par l’horloge, ou bien transcendé par l’éternité. Quoi d’étonnant que sa perception soit liée à la civilisation de chacun ?

CIFRI

mercredi 10 novembre 2010

Promenade au Louvre

Cette immense boite à bijoux que constitue l’ancien palais des rois de France devenu musée suscite maintes questions sur l’histoire des civilisations. Ces maintes questions seraient elles des éléments de réponses à nos interrogations actuelles ?

Par exemple:

Pourquoi le choix de chaque visite évacue-t-il souvent les salles qui présentent d’autres réalisations, même si celles-ci sont contemporaines ?

Pourquoi en passant des chefs d’œuvre grecs, le plus souvent en marbres, aux œuvres médiévales les vitrines brillent-elles soudain des reflets de l’or et de l’argent ?

Pourquoi les mêmes sujets sont-ils traités par des artistes de civilisations différentes ? et pourquoi supportent-ils des compositions diverses selon leurs époques ?

CIFRI

mercredi 3 novembre 2010

La perspicacité du sphinx

Lorsque le sphinx, cet animal fabuleux, qui est à la fois homme et lion, dévore les voyageurs qui ne savent pas résoudre son énigme, il pose une interrogation fondamentale : « Quel est l’animal qui a quatre pieds le matin, deux à midi et trois le soir ? » C’est l’expression de la grande interrogation des philosophes grecs, perplexes devant la stabilité de l’être et la continuité du mouvement : « Tout coule ! » En reconnaissant l’identité inaltérable de l’homme par delà son évolution inéluctable, et à cause de celle-ci, Œdipe échappe à l’ignorance. Le vieillard s’appuie, certes, sur une canne mais celle-ci contracte dans sa main toue l’expérience de sa vie, la durée de tous ses cheminements devenus un intense présent.

L’histoire de chaque culture développe ce phénomène : les plus riches sont les plus mélangées. La mode féminine elle-même, cet art si populaire, emprunte ses lignes, ses étoffes, ses ornements à toutes les civilisations qui se sont moins affrontées que fécondées. La chance des changements techniques de notre monde ne serait-elle pas qu’à leur cadence trop rapide sont mêlés inexorablement des migrations plus vastes que jamais ?

Qu’aurait dit Vercingétorix si on lui avait annoncé l’opulence à venir des vignobles d’Aquitaine ?

CIFRI