vendredi 28 octobre 2011

Des larmes au sourire

L’évocation bien précise des doutes, des échecs, des épreuves du monde actuel de l’Ecole sont une consolation aussi bien pour les adultes que pour leurs élèves en situation d’échec.


L’optimisme de ceux qui se sont sortis d’affaire aurait pourtant un côté utopique qui rendrait leur expérience décourageante si il ne se complétait pas de la confidence des douleurs de l’enfant maltraité (1), du petit déchiré entre deux cultures (2), de celui qui est en échec scolaire (3), et du professeur démuni devant des adolescents révoltés (4). Grâce à qui Grâce à quoi ont-il surmonté leurs peines ?

1 - José Mauro de Vasconcelos « Mon bel oranger », Stock 1971
2 - Camara Laye « L’enfant noir », 1963
3 - Daniel Pennac « Chagrin d’Ecole », Gallimard , 2007, Prix Renaudot
4 - François Bégodeau « Entre les murs » Ed.Vericales, 2006
Film de Laurent Cantet, Palem d’Or au festival de Cannes en 2008

CIFRI

vendredi 21 octobre 2011

L’arrosage des plantes

Cet été, toutes les publicités horticoles, toutes les recommandations publiques pour économiser l’eau en période de sècheresse nous ont parlé des racines à privilégier. Et, au proche automne, les conseils multiplient les précautions exigeantes pour déplacer les plantes dans le même jardin. En même temps, les vétérinaires soulignent l’importance de l’éducation des autres vivants, ceux qui ont quatre pattes. Et ces spécialistes s’attachent à décrire l’origine des animaux et ses conséquences.

Si ces lois de la Vie, si fruste soit-elle, sont incontournables, sous peine de la mort des végétaux ou du danger des animaux, comment les négliger quand il s’agit de petits d’hommes ?
                                                                                                                         
Oû trouver des renseignements sur les racines des jeunes ?

 Les livres de botanique offrent dessins et informations aux  jardiniers d’occasion qui tiennent à leurs buissons. Mais comment les éducateurs trouveraient-ils le temps de se renseigner sur les racines des élèves d’une classe qui réunit des jeunes de partout ? C’est hors de propos de le leur demander. Pourtant s’ils veulent peindre leur classe avec la même couleur, la couche superficielle s’écaillera vite sous la poussée des teintes d’origine.

Heureusement, des romans livrent une initiation d’autant plus précieuse qu’elle est faite de souvenirs imagées et souvent émouvants. L’enfance africaine racontée par Hamadou Hampâté Bâ , celle du petit noir encore  colonisé qui s’appelait Camara Laye, les parfums qui embaument les récits de  l’académicien Tahar Ben Jelloun détendent leur lecteur sans même que celui-ci perçoive la nouvelle graine qui ensemence son esprit.

CIFRI

vendredi 14 octobre 2011

L’arbre de l’apprentissage

Le développement de la connaissance se fait par instants d’apprentissage, qu’on peut souvent repérer dans  le temps – c’est le rôle des programmes scolaires – ou dans l’espace -  la classe, ou la sortie, ou le lieu d’une rencontre.  Albert Camus racontera : «  Je vois encore la salle… » Mais, la portée de cet acte ne peut être privé de tout ce qui l’a préparé : la culture familiale, l’avenir espéré. Comment négliger les racines de l’apprentissage ?

 Tout homme est toujours, forcément, dressé sur une terre qu’il touche de ses deux pieds et qui est lourde de tous les pas qui l’ont foulée et, en même temps, il ne peut échapper à l’horizon qui éclaire son présent. « L’homme qui marche », le tableau d’Alberto Giacometti magnifie cette réalité. La stature de l’homme suppose deux lignes invisibles : ce qu’il y a sous ses pieds et la ligne d’horizon que suppose le soleil arrondi en haut de la composition.

CIFRI

vendredi 7 octobre 2011

La leçon des récits de vie

Rares sont les auteurs qui peuvent raconter leurs histoires personnelles en offrant au lecteur une leçon sur un monde qu’il ignore. Leur lecture n’en est que plus précieuse !

Certes, la douleur qui bouleverse tant de récits de guerres ou de révoltes sociales est bien le résultat des incompréhensions entre les cultures, L’émotion ressentie devant les catastrophes est justifiée, mais elle voile quand même la réalité de la rencontre entre deux civilisations. Elle oblitère les analogies qui se trouvent sur des continents différents. Elle risque le mépris mais compromet la nécessaire collaboration.

Il faudrait comprendre l’autre mais les chances et les peines de la juxtaposition des cultures ne sont pas le lot de tous les habitants de l’Hexagone, comment le descendant de Vercingétorix va-t-il comprendre l’immigré ? saisir les ressemblances plutôt que les oppositions, sinon en feuilletant les frais souvenirs de l’enfance ?

 Est-ce vrai qu’il n’est pas comme moi ?

 Les modes vestimentaires ou musicales précèdent souvent les réconciliations entre les peuples. La Conquête de l’Ouest américain et les chevauchées des cow-boys s’étalaient encore sur nos écrans quand le jazz réjouissait déjà les mélomanes de Paris comme ceux de la Nouvelle Orléans. Pendant les Croisades, la poésie et la musique de l’Espagne musulmane civilisaient les rudes chevaliers français en développant la courtoisie. Le célèbre fils de la reine Aliénor d’Aquitaine porte un nom propre composé : Richard Cœur de lion, le prince a disparu mais il garde pour toujours son titre « interculturel ». 

A force de porter des parures ou des habits d’ailleurs,  à force de danse sur des rythmes étrangers, ne peut-on espérer que battent des cœurs réconciliés sous l’étoffe des parkas nordiques et des jellabas ensoleillées qui réchauffent jeunes et moins jeunes. ?


CIFRI