vendredi 1 octobre 2010

Un lieu pour discuter

Les proverbes populaires qui tiennent lieu de longues digressions pour ceux qui maîtrisent mal le langage figurent parfois dans les guides touristiques comme une plaisanterie, et pourtant quelle efficacité sociale possèdent ces raccourcis! Ils renvoient les interlocuteurs au partage d’une sagesse commune, vestige de la maison des palabres africaine ou de la zaouïa musulmane si cet espace a disparu de nos quartiers surpeuplés. Il était pourtant précieux ce lieu de confrontation qui changeait le rapport de force en dialogue nécessaire pour que deux êtres libres s’aident à grandir plutôt que de s’abaisser à une diatribe qui humilie souvent le soi-disant vainqueur plus que celui qui est faussement soumis.

Au local, on a évité de justesse une bataille au couteau et les objets susceptibles de servir à des agressions ont été immédiatement évacués « Si tu nous a punis, comme cela, sans qu’on parle, c’est que tu as eu peur...protestait vivement un gamin Malien, c’est idiot de croire que cela suffit, on peut toujours faire pire, tandis que si tu avais parlé, on aurait renoncé à ces bêtises. »

Où est donc la case à palabre qui manque dans nos Cités ? Il en reste heureusement des témoins, venus des pays du soleil, qui obligent les Français à se rappeler les salles monastiques réservées à « se parler » entre hommes libres.

CIFRI

Cf. Louis Gardet La Cité musulmane , Vrin 2003