jeudi 20 janvier 2011

Sanction ou restauration

La législation médiévale dispensait de leur peine civile certains coupables pourvu qu’ils effectuent la pénitence d’un pèlerinage. Une tradition analogue vaut encore pour le pèlerinage à la Mecque qui obtient le pardon du fautif, et on trouve le même usage du pèlerinage dans la plupart des civilisations.

Il ne s’agit pas d’une sanction forcément pénible - comme le châtiment corporel qui vise seulement à imprimer un souvenir suffisamment cuisant pour décourager de recommencer -  puisque la législation du pèlerinage prévoit que le délinquant délègue à un autre le soin de le représenter en payant son voyage. En effet le condamné était pris complètement en charge par la communauté des croyants pendant la durée de son voyage et mêlé anonymement aux puissants ou les dévôts qui effectuaient la même démarche sous un semblable costume. On pouvait donc être tenté de transformer la pénitence en agréables vacances.
Le vieux conte du « Chevalier au barillet » rapporté par Jérôme et Jean Taraud dans les « Contes de la Vierge » montre qu’il s’agissait de préparer un vrai retournement pour donner au vaurien l’occasion d’une métamorphose  intérieure. La restauration de la dignité du transgresseur était passagère pendant qu’il partageait la condition des autres pénitents mais au terme du déplacement de son milieu habituel et de la découverte des modèles humains qui l’ont précédé sur les mêmes chemins c’est une véritable réhabilitation qui était attendue.

CIFRI