vendredi 7 janvier 2011

Se souvenir ?

Les acteurs, les conteurs, les « anciens », marins ou paysans, surprennent les habitués des livres et des ordinateurs par les tirades qu’ils insèrent dans leur discours…et ils justifient souvent cette mémoire « orale » en évoquant des détails visuels attachés à leur apprentissage : Line Renaud précise, « je portais une robe de telle couleur », Olivier de Kersauzon décrit l’odeur de la mer dont il affrontait la tempête en reprenant la chanson : « il était un petit navire… » et la mélodie ressuscite sur ses lèvres, on dirait qu’associée aux embruns elle y reposait pour toujours.

Peut-on « apprendre » sans le concours des yeux, des oreilles, du nez qui rappelait à Camus l’odeur de ses livres de classe ? Mais, alors, quelle importance a la stabilité du cadre de la tradition des connaissances ! À défaut de rester dans la même salle de classe, la présentation des mêmes objets, témoins des matières enseignées, ne pourraient-elle pas faire partie de l’enseignement ?
 
CIFRI