mercredi 17 novembre 2010

Le temps ou les temps

« Il perd son temps ! » s’irrite l’Européen qui scrute l’horizon sans y discerner la silhouette basanée qu’il attend. Mais le même homme écoute « les nouvelles du temps » à la radio, lui aussi explique «n’avoir pas le temps» de faire ceci ou cela, et tout le monde comprend ces énoncés qui ne dépendent pourtant pas du cadran qui orne son poignet. Les conventions de la langue couvrent les diverses significations du même mot.

Comment s’étonner que celui-ci recouvre des situations liées au climat, « Il fait mauvais ou beau temps » au genre du travail requis, Quel paysan ne « prendrait pas le temps » de saluer le passant ? Alors qu’on informe la famille de la gravité d’une opération en lui indiquant le temps qu’elle a duré. Il arrive aussi que le temps de la prière s’accomplisse dans une durée qui frôle l’éternité de Celui qui est invoqué.

Selon l’importance que prend le sacré dans la conception de l’existence, le « temps » change de sens, il est mesure des rencontres extérieures au cadran de la montre, ou de l’efficacité matérielle mesurée par l’horloge, ou bien transcendé par l’éternité. Quoi d’étonnant que sa perception soit liée à la civilisation de chacun ?

CIFRI