mercredi 3 novembre 2010

La perspicacité du sphinx

Lorsque le sphinx, cet animal fabuleux, qui est à la fois homme et lion, dévore les voyageurs qui ne savent pas résoudre son énigme, il pose une interrogation fondamentale : « Quel est l’animal qui a quatre pieds le matin, deux à midi et trois le soir ? » C’est l’expression de la grande interrogation des philosophes grecs, perplexes devant la stabilité de l’être et la continuité du mouvement : « Tout coule ! » En reconnaissant l’identité inaltérable de l’homme par delà son évolution inéluctable, et à cause de celle-ci, Œdipe échappe à l’ignorance. Le vieillard s’appuie, certes, sur une canne mais celle-ci contracte dans sa main toue l’expérience de sa vie, la durée de tous ses cheminements devenus un intense présent.

L’histoire de chaque culture développe ce phénomène : les plus riches sont les plus mélangées. La mode féminine elle-même, cet art si populaire, emprunte ses lignes, ses étoffes, ses ornements à toutes les civilisations qui se sont moins affrontées que fécondées. La chance des changements techniques de notre monde ne serait-elle pas qu’à leur cadence trop rapide sont mêlés inexorablement des migrations plus vastes que jamais ?

Qu’aurait dit Vercingétorix si on lui avait annoncé l’opulence à venir des vignobles d’Aquitaine ?

CIFRI