mardi 8 février 2011

du berceau à la place publique

 A qui viendrait l’idée d’installer son nourrisson à même le sol de la place de la mairie ? Dans tous les pays du monde, le berceau ou le tapis élargissent un peu l’espace des bras maternels qui ont accueilli le nouveau-né. Tant qu’ils peut toucher de ses mains les frontières qui délimite l’étendue de sa liberté, il ose de plus en plus user d’elle pour découvrir le monde et vient le jour des premiers pas qui inaugure l'autonomie du petit d’homme.  
Pour autant, peut-on imaginer qu’il va accéder immédiatement à la citoyenneté ?
Certes, l’Etat civil le compte parmi les membres de la nation, mais bien des peuples ont ignoré cette inscription tandis qu’aucun n’omettait les rites de passage à l’âge de raison et à l’entrée dans la communauté adulte. Ces fêtes montraient la liberté progressive d’une jeunesse confrontée aux limites humaines, y compris l’inévitable mort.
La précipitation du monde moderne télescope souvent ces séquences au point de s’étonner qu’un adolescent ne se reconnaisse pas une place dans son pays et se réfugie dans une bande ou, au mieux, un quartier dont il arpente les rues. Mais si ses pieds n’ont pas foulé des sols moins connus, si ses yeux n’ont pas regardé des témoins du temps passé, comment ce jeune pourrait-il adhérer à l’image d’une communauté dont il n’a pas eu le temps d’accepter les traits ?


CIFRI

Cf. Œuvres de Françoise Dolto