jeudi 15 avril 2010

Fixation de la mémoire orale

Quand le Petit Prince demande « Dessine-moi un mouton », il parle comme tous les enfants qui réclament « Dessine-moi » Le théâtre est finalement le dessin animé d’une parole qui est la trame du spectacle, de ce qu’on propose au regard. Après avoir proposé aux enfants d’une Cité de faire un journal de celle-ci, les adultes furent surpris de la monotonie de la mise en page : Dans la moitié inférieure de chaque page, des scènes de misère ou de peur et au-dessus un paysage de jolies fleurs et de petits animaux domestiques, des lapins des poussins…C’était, expliquaient les enfants, « le pays de notre cœur », tragiquement opposé à la réalité. Un seul dessin revenait régulièrement, comme la conclusion du chapitre, c’était une grande étoile dorée qui traversait une nuit toute noire. L’auteur qui n’avait pas encore ses neufs ans résumait : « La nuit, ça existe juste pour faire voir les étoiles. »

Comment conserver le bénéfice de l’oralité tout en justifiant le recours au papier ? On peut aisément justifier le dessin du texte déjà retenu par cœur par la facilité qu’offre le papier pour partager le message avec des personnes hors de portée de la voix. La preuve de cette nécessité de fixer le message pour le transmettre se voit dans les antiques stèles du Louvre qui portent la parole égyptienne à travers les siècles. Le même musée expose aussi les fragiles et menues tablettes d’argile qui étaient les « devoirs de classe » des petits Babyloniens.

CIFRI

Pour aller plus loin:
Histoire de l’Ecriture, Plon, 1996